LE CINÉMA VIETNAMIEN ACTUEL

Sommaire :
1 - Etat du cinéma vietnamien aujourd'hui
2- Production cinématographique vietnamienne
3- Action culturelle française pour le cinéma vietnamien
4- Types d'actions de coopération dans le domaine du cinéma

1- Etat du cinéma vietnamien aujourd'hui

Les structures institutionnelles
Le cinéma vietnamien s'articule autour de quatre structures institutionnelles :

  • Le Département du Cinéma du Ministère de la Culture et de l'Information (MCI), habilité à délivrer les autorisations de tournage, répartir le budget alloué chaque année par le gouvernement vietnamien sur les projets qui ont reçu son agrément, accorder l'autorisation de distribution pour tous les films sur le territoire vietnamien, et à l'étranger pour les films vietnamiens.
  • FAFILM, exportateur et distributeur exclusif de films vietnamiens et étrangers.
  • L'Institut de l'Art Cinématographique et de la Conservation, qui dépend également du MCI, en charge du stockage et de l'archivage des films produits par l'ensemble des studios vietnamiens (80.000 bobines).
  • L'Association des Cinéastes Vietnamiens regroupe les professionnels du cinéma vietnamien.

Les studios de production
Il existe 12 studios de cinéma au Viêt-Nam, tous subventionnés par le Ministère de la Culture et de l'Information. Parmi les plus importants, on notera le studio de la fiction (400 films en 40 ans), le studio du film documentaire et scientifique, le studio du film d'animation (Hanoï), ou encore le studio Giai Phong (Ho Chi Minh Ville).
La très grande majorité des films vietnamiens est financée entièrement par l'État, qui alloue des budgets en situant généralement entre 60.000 et 80.000 USD pour un film .
"Nostalgie à la Campagne" de Dang Nhat Minh fait figure d'exception, puisque ce film a été co-produit par la chaîne japonaise NHK.

Les salles de Cinéma
Si on dénombre environ 80 cinémas au Viêt-Nam, à peine une vingtaine d'entre eux projettent régulièrement des films en 35 mm.
La plupart des provinces dispose d'un lieu de projection placé sous la responsabilité du Comité populaire de la province, mais il s'agit en général d'équipements vidéo.
Il existe également des cinémas itinérants pour les provinces les plus reculées.
Le parc de salles de cinéma équipées en projecteur 35 mm reste donc essentiellement limité aux grandes villes comme Hanoï, Ho Chi Minh Ville et Huê.
Certains cinémas dépendent de FAFILM, d'autres des autorités provinciales (regroupées en sociétés de cinéma). Le Département du cinéma et l'Institut du cinéma disposent également de leurs propres salles. On notera en particulier :

A Hanoï : Le Centre National du Cinéma (500, 200 et 100 places, excellentes conditions de projection), le Thang Tam (700 places), le Dan Chu (300 places) et le cinéma Club de l'Association des Cinéastes (220 places).
A Ho Chi Minh Ville : salle de l'IDECAF (Institut des Échanges Culturels avec la France, 370 places), le Tan Son Chat (500, 300 et 200 places) et le Thang Long (430 places).

Mis à part pour quelques cinémas particulièrement dynamiques (le Tan Son Nhat en particulier), on ne peut que constater la forte baisse de fréquentation des salles depuis les débuts des années 90 (certains chiffres font état d'une baisse de 80 %). Seuls les festivals, nationaux ou internationaux, attirent un public nombreux. Cela est dû en grande partie au développement rapide de la vidéo : la télévision propose en moyenne 5 films par jour ; les cassettes vidéo( pirates) se sont, elles aussi, très largement répandues, une concurrence que ne peuvent affronter les exploitants de salles. De mauvaises conditions de projection dans de nombreuses salles (équipements usés, salles peu confortables) ont également contribué à éloigner les Vietnamiens des cinémas.

De plus, le public s'intéresse de moins en moins aux productions nationales, tandis que l'offre en films étrangers reste limitée. A l'heure actuelle, un film vietnamien reste au maximum une semaine en salle. Cela a entraîné , ces dernières années, la fermeture de nombreuses salles, transformées en supermarchés ou en stations service.

La tendance a un peu changé au cours de l'année 2000. D'une part, certains films vietnamiens, primés dans des festivals internationaux, ont obtenu un grand succès à l'échelle nationale. C'est le cas de "Doi Cat" ("La vie de sable") de NGUYEN Thanh Van, ou encore de "Bên khong chông" ("le quai des sans époux") de LUU Trong Ninh.

D'autre part, si l'offre en films étrangers reste limitée, quelques récents films à succès américains ont permis aux principales salles d'attirer un public jeune.

A noter que la distribution de ces films américains au Viêt-Nam a été rendue possible par la création d'une joint-venture entre une société américaine (Visionet) et FAFILM.

Si le monopole de l'importateur a été en principe annulé, FAFILM reste à l'heure actuelle l'acteur principal de la distribution cinéma. Les exploitants de salles ont la possibilité d'acheter eux-mêmes les droits et les copies de films selon leur propre politique de programmation. En réalité ils n'ont pas les moyens financiers de le faire, et continuent à acheter leurs films auprès de FAFILM. Néanmoins, cette perspective génère de nouveaux projets de multiplexes.

2 -Production cinématographique vietnamienne
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Depuis les années cinquante, les studios vietnamiens produisent chaque année des films de fiction, documentaires et d'animation. Compte tenu de la baisse régulière des budgets alloués par l'État au cinéma, la production nationale de films en 35 mm est passée d'une trentaine de films dans les années 80, à une dizaine à la fin des années 90.
En 2000, 9 milliards de dong (715.000 dollars, soit 4,5 millions de FF) auront financé l'ensemble des productions. En 2001, 15 milliards (1,8 millions de dollars, soi entre 1998 et 2000, la productions cinématographique vietnamienne compte à peine 25 films de fiction en 35 mm. En revanche, la vidéo s'est considérablement développée : plus de 150 films ont été réalisés en 2 ans.

Quelques exemples de réalisateurs et de films 35 mm parmi les plus significatifs de ces dernières années :

En 1997
Le film marquant de l'année s'intitule "Retour à Van Ly" de LE Hoang. Produit en 1996, ce film a été récompensé à plusieurs reprises, notamment au Festival des 3 Continents à Nantes où il a reçu le 2ème prix. Ce film a également été sélectionné dans d'autres festivals internationaux (Rotterdam, Palerme, Bruxelles, ...)

En 1998
On notera également la présentation du film "Hai Nguyet" de TRAN My Ha à l'édition 98 du Festival des 3 continents à Nantes. Ce film produit par le studio Giai Phong (Ho Chi Minh Ville) a également reçu le Prix de l'Association des Cinéastes Vietnamiens la même année à Hanoï.

En 1999
Cinq films de fiction auront été réalisés au cours de l'année, dont "la vie de sable" de Nguyen Thanh Van, "le quai des femmes célibataires" de LUU Trong Ninh, "L'immeuble" de VIET Linh et "les coupeurs de bois" de VUONG Duc. Les deux derniers ont été sélectionnés pour l'édition 99 du Festival des 3 continents.
A noter que ces deux films sont les premiers films vietnamiens distribués commercialement en France.

En 2000
Dang Nhat Minh, réalisateur de "Nostalgie à la campagne" (qui avait obtenu plusieurs prix dans des festivals à l'étranger, dont celui de l'ACCT au festival du film francophone de Namur en 96, le prix du public au festival des 3 Continents en 96, et le prix du public au festival de Fribourg en 97), a vu son nouveau film "La Saison des Goyaves", (soutenu par le "Fonds Sud"), primé aux festivals de Namur et de Locarno en 2000, et il doit être distribué en France fin 2001."La vie de sable" de NGUYEN Thanh Van a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d'Amiens.

D'autres réalisateurs ont également achevé leur nouveau film ; c'est le cas de LE HOANG avec "la clé d'or", ou encore LUU Trong Ninh avec "Le quai des femmes sans maris".
Ces films ont été présentés dans plusieurs festivals internationaux, notamment au Festival de Berlin.

Enfin, le court métrage "Course de nuit" du réalisateur BUI Thac Chuyên a été primé à Cannes en 2000 dans le cadre de la sélection de la Cinéfondation.


Dông Hô

Festivals de cinéma au Viêt-Nam:

  • Le Ministère de la Culture organise tous les 3 ans un grand festival national de cinéma. La 12ème édition de ce festival a eu en mars dernier à Hué. Parmi les 15 fictions en 35 mm sélectionnées, ce sont les films "Le Carrefour Dong Loc"(1998) de LUU Trong Ninh(lotus d'or), "Hanoï hiver 46"(1995) deDANG Nhat Minh, "les bûcherons"(1999) de VUONG Duc, et "Retour à Van Ly"(1997) de LE Hoang(lotus d'argent) qui ont été primés.

  • Il organise également chaque année le Festival international du film de Hanoï auquel participe une vingtaine de pays ayant une représentation diplomatique au Viêt-Nam. La 6ème édition de ce festival se tiendra en fin d'année.

  • Enfin, le Viêt-Nam accueille régulièrement les festivals régionaux : le festival des pays de l'ASEAN en novembre 1998, ou encore le festival d'Asie Pacifique en novembre 2000.

    3 - Action culturelle française pour le cinéma vietnamien
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Le Cinéma français est présent au Viêt-Nam à travers les actions de diffusion culturelle organisées régulièrement par l'Ambassade de France avec le concours du Ministère des Affaires Etrangères, en collaboration avec le Département du Cinéma du Ministère de la Culture et de l'Information et l'Association des Cinéastes Vietnamiens.
Depuis plusieurs années, des projections de filmes français en 35 mm sont régulièrement organisées à
Hanoï (Association des Cinéastes Vietnamiens) et à Ho Chi Minh Ville (Idécaf). Ces films sont projetés gratuitement au public, en version originale et doublés en vietnamien afin de ne pas resteindre leur représentation à un public francophone.

En 1999, une trentaine de films, fictions et documentaires, auront ainsi été proposés au public. Parmi ces manifestations, on notera par exemple les quatre films présentés dans le cadre d'un programme estival ("Beaumarchais" de Edouard Molinaro, "Western" de Manuel Poirier, "La vie rêvée des anges" de Eric Zonca et "Y aura t-il de la neige à Noël" de Sandrine Veysset) en juin/juillet 99, ou encore un programme de films scientifiques projeté au mois d'octobre.

Le film "Ridicule" de Patrice Leconte a été choisi pour représenter la France au premier Festival du Film Européen, organisé à Hanoï et à Ho Chi Minh Ville en mai/juin 99, projet mené à bien par les ambassades européennes présentes au Viêt-Nam.

La collaboration entre l'Ambassade de France, le Consulat Général à HCM et le festival de Clermont-Ferrand permet d'organiser, chaque année depuis 3 ans, la présentation d'un programme de courts métrages, en présence de Christian Denier, organisateur du festival. Cet événement, qui connaît un succès grandissant auprès des professionnels, des étudiants en cinéma, mais également du grand public vietnamien, a contribué à mieux faire connaître le court métrage comme un genre cinématographique à part entière. Un projet similaire consacré au film d'animation est à l'étude, en concertation avec le Festival de Baillargues.

 

 

QUACH VAN PHUOC

A noter également la présentation du film "un air de famille" de Cédric Klapish, projeté à l'occasion du cinquième Festival International du Film à Hanoï en novembre 98. La France participe à l'édition 99 de ce festival avec "le dîner de cons" de Francis Véber.

Outre son action de diffusion culturelle, et suite aux propositions formulées par la partie vietnamienne en faveur d'une présence renforcée du cinéma français, l'Ambassade de France, en collaboration avec le Ministère des Affaires Etrangères et l'Agence pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion (ACID), travaille actuellement avec le Ministère de la Culture et de l'Information vietnamien à l'élaboration d'un projet de distribution de films français au Viêt-Nam.

4 - Types d'actions de coopération dans le domaine du cinéma
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Ateliers de formation auprès des professionnels et des étudiants :
Dans le cadre de sa coopération avec l'Association des Cinéastes Vietnamiens, l'Ambassade de France organise depuis plusieurs années des ateliers de formation destinés au professionnels.
Des ateliers sur la réalisation (ateliers Kramer, réalisation de 4 courts métrages sur pellicule), sur la prise de son direct, sur le montage puis le mixage son (décembre 98, décembre 2000, mars 2001) ou encore sur l'écriture de scénarios avec
L'ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DU CINÉMA VIETNAMIEN.

Fin 2000, des ateliers sur l'écriture de scénario, la direction d'acteurs et la dramaturgie ont été mis en place par l'Association des Cinéastes Vietnamiens, et animé par des intervenants prestigieux comme Messieurs Jean-Claude CARRIÈRE et Claude SANTELLI.

Depuis 1999, cette coopération touche également les étudiants de l'école de cinéma de Hanoï, avec la mise en place d'un cours de deux semaines consacré à l'histoire du cinéma et à l'analyse filmique et dispensé par un intervenant de la FEMIS.
Cette action a été reconduite en 2000 et en 2001.

Soutien au cinéma vietnamien
L'Ambassade de France et le Ministère des Affaires Étrangères apportent une aide au cinéma vietnamien à travers les formations qu'ils organisent en collaboration avec l'Association des Cinéastes Vietnamiens, mais offrent également leur soutien à des projets de jeunes réalisateurs .

Cette action a notamment permis de financer la post-production en France du court-métrage "Course de nuit" de BUI Thac Chuyên, stagiaire de Bernard ROUQUETTE depuis 99.
Ce court métrage a reçu le 3ème prix de la Cinéfondation du Festival de Cannes en 2000.

Enfin, un soutien est apporté aux studios de production dans leurs démarches auprès de festivals en France, en particulier le Festival des 3 Continents à Nantes, auquel plusieurs cinéastes ont participé pour présenter leur film, ou encore pour des candidatures aux Fonds d'aide à la production.

ETAT ACTUEL DE LA PRODUCTION CINÉMATOGRAPHIQUE
ET AUDIOVISUELLE AU VIÊT-NAM